Temples de Hong Kong

 

Pour l'instant, je n'ai eu l'occasion de découvrir que deux temples à Hong Kong, Wong Tai Sin Temple et le Monastère des 10 000 Bouddhas. Ce qui est saisissant dans le premier, c'est la foule et la sensation d'étouffement que le visiteur y ressent. Les fidèles achètent des bâtons d'encens, s'agenouillent pour prier, puis courent chercher le dicton-réponse à leur prière. Des diseurs de bonne aventure et des marchands de souvenirs n'hésitent pas à accoster les touristes, venus en masse le vendredi matin de notre visite.

L'air, très humide, se fait vite irrespirable. Avec tout ce mouvement, l'atmosphère est assez oppressante. Il est difficile d'imaginer que, pour certains, cet endroit est un lieu de culte. La visite s'effectue comme un circuit. Emporté par la foule, s'arrêter ou revenir en arrière devient chose très compliquée. Le visiteur doit d'abord se frayer un chemin au milieu d'une multitude de temples, tous plus abondamment décorés les uns que les autres. Ensuite, il arrive dans des jardins plus calmes et plus agréables. Des pagodes se dressent ça et là, au milieu de petits bassins dans lesquels nagent tranquillement de grosses carpes, et même quelques tortues.

Pour atteindre la sortie, il suffit de revenir sur ses pas et replonger un instant dans la bruyante cohue, qui mêle indifféremment touristes et croyants. Celui qui n'est pas habitué à ce genre d'endroits se sent quelque peu désemparé. Dans leurs prières, les fidèles demandent à Wong, le dieu de la chance et de la guérison, s'ils ont quelque espoir de gagner aux courses hippiques, ou si leurs affaires à venir seront bonnes. Les questions sont très terre-à-terre, elles ont souvent trait à l'argent.

Autre élément remarquable, le temple taoïste abrite un monument dédié à Confucius. « Il n'y a pas de contradictions, c'est un temple deux en un! », explique simplement notre guide. Étrange analogie entre un édifice religieux et ce qui sonne davantage comme le slogan marketing d'un produit de grande consommation. Une vision utilitaire de la religion assez surprenante au demeurant.


J'ai aussi éprouvé certaines de ces impressions au Monastère des 10 000 Bouddhas. La profusion d'objets, de figurines ou de symboles, est encore plus criante. De grandes statues dorées d'environ un mètre de haut, bordent de part et d'autre les 400 marches qui mènent au temple. Le chemin est intégralement bétonné. Derrière ces curieux personnages aux expressions très variées, d'immenses palissades tentent de masquer les habitations toute proches, comme pour faire oublier l'urbanisation galopante. Si près de la ville et dans cet environnement déstabilisant, il est là encore difficile de s'imaginer dans un lieu sacré.

La longue ascension conduit à une vaste terrasse, bordée de part en part de statuettes très richement ornées et beaucoup plus grandes. Elles trouvent leur place soit à l'intérieur de vitrines en verre, soit à l'air libre, entre les bungalows des diseuses de bonne aventure. Du haut d'une étroite colonne d'une dizaine de mètres de haut, il est possible de distinguer en contre-bas, derrière la tête d'un des Bouddha placé dans chacune des petites lucarnes, la ville de Sha Tin et ses immeubles. Une gigantesque pagode octogonale se dresse au milieu de la plate-forme. D'un côté, c'est le regard menaçant d'un immense personnage à l'allure terrifiante qui se jette sur quiconque ose le défier. De l'autre, surprenant contraste, ce sont les traits d'une grande figurine paisible aux larges formes qu'il est possible de contempler.

La démesure du décor ne semble trouver son égale qu'avec les trois imposants Bouddhas trônant au centre du temple principal. Ils sont en or, leur richesse est majestueuse. Les murs sont creusés de plus de 12 000 petites cavités abritant chacune une figurine de Bouddha, immortalisé dans une attitude à chaque fois différente. Le nom du donateur est inscrit sous chacune d'entre elles. Un peu plus bas, des statuettes plus grandes sont disposées sur une sorte de corniche, à hauteur d'homme. Elles sont très colorées, la minutie des costumes et des traits du visage les rend très réalistes.

Au-delà de la beauté, c'est encore une fois le mélange des genres qui saisit l'observateur. Une boutique de souvenirs est implantée à l'intérieur même de l'édifice religieux. Le long des murs, des hommes en costume travaillent sur leur ordinateur, impassibles. Et derrière la vitrine centrale, il n'est pas rare de butter sur des cartons d'emballage ou des produits d'entretien, autant d'objets insolites qu'il est difficile d'imaginer à leur place parmi les dorures et les offrandes d'un temple bouddhiste.

C'est donc un sentiment de surprise qui domine après ces deux premières visites, doublée d'une certaine fascination. Je m'étais documenté sur les religions orientales avant de venir en Asie, mais c'est autre chose que de les expérimenter et d'arriver à les comprendre. Tout est si nouveau, il est encore difficile d'arriver à prendre pleinement la mesure et la réalité de ces lieux.

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