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Cette page se destine à accueillir tous les articles que je vais pouvoir écrire pendant l'année, en dehors de ceux spécialement rédigés pour le site.


14/12
Voici un reportage que j'ai réalisé pour l'un de mes cours de journalisme à la Baptist University, et que j'ai traduit en français.

 

Dai Pai Dongs: le chant du cygne d'un emblème de Hong Kong?

 

Les Dai Pai Dongs, petits restaurants traditionnels hongkonguais installés à même la rue, sont étroitement contrôlés depuis quelques années, et même menacés de disparition. La ville pourrait-elle bientôt perdre une partie de son âme?

Dans le quartier populaire de Sham Shui Po, Oi Man Sang Kitchen est immanquable. Implantée exactement au même endroit depuis 1956. Comme tout authentique Dai Pai Dong, la cuisine et les planches de bois avec la nourriture grillée sont installées directement dans la rue. Un feu aux flammes ardentes propulse la nourriture au-dessus du wok à intervalles réguliers.

Les clients apprécient la scène, conscients qu'ils n'en auront peut-être plus l'occasion dans quelques années. Au décès de l'octogénaire Chen Oi, troisième génération de propriétaires, il n'est pas certain qu'un de ses proches puisse hériter sa précieuse licence.

Dans le voisinage, un Dai Pai Dong similaire a dû fermer l'an dernier après la mort du titulaire du permis. A l'inverse, dans le quartier très en vue de Central, le gouvernement de Hong Kong a récemment aidé un restaurant du même type à rénover sa cuisine à ciel ouvert afin qu'il puisse survivre.

« Central est un des endroits les plus touristiques de la ville. Le gouvernement préfère exhiber la culture locale là-bas plutôt qu'à Sham Shui Po, » s'exclame Wayne Wu, caissière à Oi Man Sang Kitchen.

Il semble en effet qu'il y ait une politique à deux vitesses concernant la réglementation des Dai Pai Dongs à Hong Kong. Depuis 2009, lorsqu'un propriétaire passe l'arme à gauche ou simplement souhaite liquider son fonds de commerce, le Conseil de District concerné doit se réunir pour décider si la licence peut être transmise ou non. La décision finale dépend du quartier et des avis de ses habitants.

« En plus des problèmes d'hygiène, ces restaurants extérieurs génèrent inévitablement des nuisances sonores et obstruent le passage dans les rues, » d'après le Food and Environmental Hygiene Department (FEHD) du gouvernement de la Région Autonome Spéciale chinoise. « Les autorités doivent alors trouver un juste équilibre entre la préservation de l'héritage local d'un côté, et l'assurance du respect de conditions d'hygiène élémentaires de l'autre. »

Apparus à la fin du XIXe siècle, les Dai Pai Dongs font partie intégrante du paysage urbain hongkonguais. Les étals de bois, l'équipement rudimentaire, la cuisine de métal peinte en vert et les tables placées à même la rue, appartiennent désormais au patrimoine local.

« La cuisine à ciel ouvert, le feu rapide et les tables extérieures des Dai Pai Dongs sont l'une des icônes de Hong Kong, » soutient même Wayne Wu.

Bondé, bruyant et spontané, le Dai Pai Dong traditionnel est un peu à l'image de la ville. C'est le seul restaurant où des groupes de collègues ou d'amis peuvent partager une table avec des étrangers, au grand dam parfois des jeunes couples qui espéraient une atmosphère plus intime. Le vacarme assourdissant de la circulation toute proche en fait cependant le meilleur endroit pour expérimenter le fameux dicton selon lequel « le murmure n'existe pas en cantonais (le dialecte en usage dans la plupart du Sud de la Chine) ».

Littéralement, le terme Dai Pai Dong signifie « restaurant avec une grande licence ». L'appellation provient de l'obligation pour tous les propriétaires d'avoir une photo sur leur permis, ce qui les rend bien plus grands que ceux accordés aux autres restaurants de Hong Kong.

Le nombre de Dai Pai Dongs a réellement explosé après la Seconde Guerre mondiale, en raison des facilités accordées à l'époque aux familles des soldats pour ouvrir de tels établissements. Ils sont rapidement devenus très en vogue grâce aux modestes prix pour lesquels ils proposent rafraîchissements, fruits de mer ou autres plats traditionnels chinois.

Leur popularité a ensuite décliné dans les années 1970, en raison de l'amélioration des conditions de vie et de la multiplication du nombre de fast foods. Les désagréments que les Dai Pai Dongs peuvent engendrer dans leur environnement proche, tels que bruit, rejet de déchets ou blocage des rues, ont commencé à faire l'objet de nombreuses plaintes.

C'est pourquoi l'Urban Coucil, aujourd'hui Food and Environmental Hygiene Department, a décidé en 1973 de ne plus délivrer de nouvelles licences. Il a même mis en place dans les années 1980 un système de récompense pour tous ceux qui rendraient volontairement leur permis, celui-ci ne pouvant plus être hérité uniquement par l'épouse du titulaire.

En 2009, Hong Kong ne comptait alors plus que 28 Dai Pai Dongs. Après bien des controverses, le FEHD choisît finalement de faciliter la transmission de la précieuse licence. Elle peut désormais être donnée à n'importe quel membre de la famille du propriétaire, ou tout autre personne intéressée. La décision revient cependant au Conseil de District où se situe le restaurant. En trois ans, neuf transferts ont d'ores et déjà été accordés.

Cette nouvelle politique donne quelque espoir à M.Ken, s'exprimant a nom du Dai Pai Dong tenu par Cheung Fat. L'établissement passe toujours avec succès les contrôles d'hygiène. La succession à venir, de la deuxième à la troisième génération de propriétaires, ne devrait pas causer le moindre souci.

M.Ken est assez connu à Shek Kik Mei, un quartier populaire au Nord de la Péninsule de Kowloon. Il travaille pour Cheung Fat depuis plus de 50 ans. Depuis l'âge de 12 ans, il a successivement exercé toutes les tâches dans le petit commerce de Yiu Tung Street. De la plonge au service dont il est maintenant responsable, en passant par la livraison à domicile.

Son Dai Pai Dong est demeuré presque inchangé depuis son ouverture il y a plusieurs décennies. La cuisine à ciel ouvert se tient toujours à la même place. Les odeurs d'ail et de viande grillée sont toujours aussi fortes. Les tables sont sur le trottoir, leur nombre varie seulement en fonction de l'affluence. L'atmosphère de l'endroit semble immuable.

La situation est différente pour Oi Man Sang Kitchen, qui craint le prochain verdict du Conseil de District du quartier voisin de Sham Shui Po. Les horaires d'ouverture, tous les jours de 18h à 01h du matin, soulèvent davantage de problèmes qu'à Central, où aucun Dai Pai Dongs ne ferme après 20h.

La préparation des repas donne lieu à un spectacle des plus authentiques. Plusieurs heures avant l'arrivée des premiers clients, presque l'ensemble des 20 employés d'Oi Man Sang Kitchen participent à cette étape importante. L'ambiance est bon enfant, les rires sonores couvrent même le bruit du long couteau qui s'abat sur la viande crue. Tout est fait pour que les clients soient servis le plus rapidement possible, même aux heures de pointe.

« C'est appréciable de manger dehors, » confie Jack, un habitué du lieu. « La qualité des plats est moyenne, je viens ici essentiellement parce que je peux fumer. »

A Central, les clients invoquent quant à eux des motifs différents.

« C'est plus rapide, la nourriture est moins chère et finalement le goût est meilleur que celui auquel on pouvait s'attendre, » admet Hideka.

Sans être un consommateur régulier, il fréquente plus souvent les Dai Pai Dongs à l'automne ou au printemps, quand la météo est plus clémente et la température extérieure plus agréable.

Pour David, s'attabler dans un Dai Pai Dong représente plutôt un voyage dans le temps.

« J'allais souvent dans des Dai Pai Dongs quand j'étais enfant, et si j'ai le choix je préfère toujours manger dans ce genre d'endroits, » affirme le jeune quadragénaire.

Il apprécie particulièrement leur atmosphère et leur nourriture, mais concède qu'il n'aimerait pas vivre dans le voisinage d'un tel commerce à cause des mauvaises conditions d'hygiène, fumées, huiles et autres insalubrités qu'il génère.

Une politique spéciale a été adoptée pour lutter contre ces nuisances. Les Dai Pai Dongs sont désormais inspectés toutes les semaines, à la fois pas les autorités de santé publique et les services gouvernementaux réglementant le commerce de rue.

Un Dai Pai Dong peut être condamné s'il contrevient au Chapitre 132 de l'Ordonnance des Public Health and Municipal Services. Les sanctions vont du simple avertissement oral ou écrit, jusqu'à une amende de 50 000 HK$, voire même une peine d'emprisonnement de six mois.

« L'un des problèmes des Dai Pai Dongs est qu'ils sont situés en extérieur, et cela ne leur permet pas d'avoir une cuisine fermée ou une salle équipée pour évacuer correctement les fumées et les eaux usées, » déclare le FEHD.

En terme d'hygiène, 4 265 plaintes concernant la qualité de la nourriture ont été enregistrées à Hong Kong en 2011, selon les statistiques du FEHD. Environ 64 600 échantillons ont été prélevés, parmi les 1 050 étals des 64 marchés alimentaires de la ville.

Wayne Wu estime que les contrôles sont bien trop stricts, mais son restaurant n'a pas d'autre choix que de se plier aux règles. Certains Dai Pai Dongs ont été déplacés pour s'implanter à l'intérieur des marchés, comme à North Point à l'Est de Hong Kong Island, où depuis plus de vingt ans ils sont désormais tous situés à l'intérieur même de Java Road Market.

A Sham Shui Po, beaucoup possèdent une cuisine et une salle intérieure et sont déjà prêts à être transformés en restaurants traditionnels chinois. Sans une certaine pointe d'amertume, Wayne Wu préfère être lucide quant à l'avenir des Dai Pai Dongs à Hong Kong:

« La plupart ont loué un magasin pour pouvoir continuer à servir les clients. Ainsi ils peuvent mettre les tables à l'intérieur, et grâce à cette nouvelle possibilité il ne se battent plus aussi ardemment pour que leur licence spéciale soit renouvelée. »



25/11
Reporter pour Badzine aux Superseries de Hong Kong pendant toute la semaine, voici des liens (en anglais) vers quelques-uns des articles que j'ai pu écrire:
http://www.badzine.net/news/hong-kong-open-sf-%e2%80%93-wang-yihan-tastes-sweet-revenge/22347/
http://www.badzine.net/features/juliane-schenk-the-wisdom-age/22445/
http://www.badzine.net/features/gilles-cavert-%E2%80%93-humble-umpire-enjoys-asian-hospitality/22733/



02/10
Pour commencer, voici un reportage que j'avais réalisé avant de partir pour Badzine, un site spécialisé dans le badminton:

 

 

Hong Kong, la Chine ou presque !


« Un pays, deux systèmes ». Voilà qui peut résumer le statut administratif particulier de Hong Kong au sein de la Chine. Mais ce principe prévaut-il aussi pour le badminton?

 

Aux récents Jeux Olympiques de Londres, les supporters des joueurs français ont pu constater avec un brin d'amertume que le haut niveau du badminton hongkongais se portait plutôt bien. En effet, Brice Leverdez et Hongyan Pi ont tous deux été défaits par des représentants de Hong Kong, respectivement Wing Ki Wong (n°22) et Pui Yin Yip (n°20). Officiellement rattachée à la République Populaire de Chine depuis 1997, l'ancienne colonie britannique possède cependant une relative indépendance grâce à son statut de Région Autonome Spéciale. Ainsi, Hong Kong n'est placée sous l'autorité de Pékin seulement en ce qui concerne les affaires extérieures et la défense, ce qui explique qu'elle peut présenter sa propre délégation lors des compétitions sportives internationales.

Le palmarès de l'ex-dominion n'est évidemment pas comparable avec celui du Grand Empire du Milieu, qui s'est rapidement mis à monopoliser tous les titres depuis les années 1970. Hong Kong ne présente certes pas le même vivier de joueurs de classe mondiale, mais le haut niveau y est aussi une tradition, surtout chez les femmes. Wang Chen a par exemple remporté le simple dames aux Jeux d'Asie en 2006, avant de devenir vice-championne du monde l'année suivante. La légende chinoise Zhou Mi a été naturalisée hongkongaise en 2007, après avoir occupé à plusieurs reprises la première place mondiale et remporté une médaille de bronze aux JO d'Athènes, ainsi que de nombreux titres internationaux. Chez les hommes, l'Indonésien d'origine Agus Hariyanto a atteint le 7e rang mondial en simple hommes au début des années 2000. Actuellement, Hong Kong présente toujours trois joueurs dans le top 50 mondial en simple hommes, et deux en simple dames.

La comparaison avec le grand frère chinois est inévitable, et les rencontres entre représentants des deux délégations laissent souvent éclater une rivalité pas toujours très saine. Peu d'échanges existent entre deux fédérations aux fonctionnements différents. C'est peut-être la ferveur pour le badminton qui les rapproche le plus, puisque ce sport est le deuxième plus populaire de Hong Kong après le tennis de table. Pour une population de 7,5 millions d'habitants, la région ne possède pas moins d'une centaine de clubs de badminton, de structure privée. Et selon Agus Hariyanto, « si vous êtes vraiment performant et que vous battez plusieurs fois les meilleurs joueurs mondiaux, vous pouvez devenir une icône presque comme en Chine continentale! ».

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