Cinq jours à Pékin

 

Voici le récit des aventures de Pékin, où j'ai passé cinq jours avec deux amis il y a deux semaines. Les notes et les photos ont été prises au jour le jour.
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Premier jour:
7h30, départ de l'auberge de jeunesse. Les hutongs, petites ruelles du vieux Pékin, sont déjà bien agitées. Le rigoureux hiver a fait son apparition, la température avoisine les 0°C. Ici point d'occidentaux, surtout à cette heure-là. Les habitants, jeunes comme moins jeunes, se déplacent majoritairement en vélo dans les artères étroites.


Il est très onéreux d'acquérir une voiture à Pékin, seuls les plus riches peuvent s'offrir ce luxe et en possèdent généralement plusieurs, nous expliquait la veille le propriétaire de l'auberge venu nous chercher à l'aéroport. La politique du gouvernement est également à la réduction du nombre de deux roues motorisés: il n'y a qu'une dizaine de milliers de véhicules de ce type encore autorisés à circuler dans les rues de la capitale.

Le trafic est bruyant, seulement quelques reniflements caverneux émergent du flot silencieux des passants. Les odeurs sont fortes. Fumée de pain à la vapeur, crêpes à la saucisse, viande crue à même les étals de bois. Les commerçants du marché ont leurs stands, et souvent leurs voitures, uniquement remplis d'un seul produit, raisins, cacahuètes, choux ou encore poireaux.

Un peu plus loin, sur un grand axe, les voitures n'hésitent pas à franchir l'intersection en dépit du feu rouge. Autour d'un lac, quelques groupes de personnes âgées s'exercent au taiji. Les mouvements sont plus ou moins contrôlés, les attitudes toutes très personnelles.

Je retrouve ensuite mes compagnons de voyage pour prendre le bus en direction de Tian'anmen. La plus grande place du monde est vraiment aussi impressionnante que nous l'imaginions. La discipline chinoise également. Congrès du Parti oblige, il est impossible de traverser la place. Il faut prendre le métro pour la contourner, et arriver vingt minutes plus tard à l'autre bout, juste devant la Cité Interdite.

Nous n'empruntons pas l'entrée principale mais abordons le site de côté, la file de touristes chinois est bien trop longue. Une fois à l'intérieur, cette masse heureusement se dilue dans l'immensité du Palais. Une immensité vide. Les cours s'enchaînent, leur pavé blanc toujours aussi nu. Les pièces des innombrables bâtiments rivalisent de sobriété. Un promontoire, un trône. Parfois une horloge, parfois un lustre.

Les rares collections se trouvent dans les parties d'habitation, plus intimistes. Elles restent relativement pauvres et très peu mises en valeur. Des questions se posent inévitablement: était-ce aussi spartiate autrefois? Les objets d'époque ont-ils été pillés? détruits? Est-ce une politique délibérée de ne pas les montrer?

La fascination pour le lieu n'en est qu'augmentée, l'impression de démesure accentuée. Il est 16h30 lorsque les portes de la Cité Interdite se referment.

Lors d'un tardif déjeuner, je me rends compte de toute la difficulté de la maîtrise de la langue chinoise. Je me suis adressé au serveur en mandarin pour lui demander quelques informations basiques, mais même après plusieurs répétitions il n'a pas compris. Les tons et la prononciation sont primordiaux puisqu'ils peuvent changer complétement le sens d'un mot. Il faut aussi que je m'adapte au parler courant, bien différent des formules châtiées que j'ai apprises dans les cours que je prends depuis deux mois, et qui ne sont pas du tout usitées à l'oral.

Nous nous dirigeons ensuite vers le Théâtre Rouge pour assister à un spectacle de kung-fu. Les chorégraphies sont réglées au millimètre, certaines figures sont très impressionnantes, notamment celles de très jeunes garçons âgés d'une douzaine d'années tout au plus. L'ensemble est plaisant à regarder, mais assez kitsch et fortement romancé.

Petit verre dans un bar dans le quartier animé de Hou Hai pour conclure cette riche première journée, qui s'achève après un interminable labyrinthe dans les hutongs. Les distances sur les cartes sont trompeuses, deux stations de métro étant généralement espacées de plus d'un kilomètre. Il est grandement l'heure d'aller se coucher lorsque nous retrouvons enfin l'auberge. Demain départ avant le jour pour la Grande Muraille.



 

Deuxième jour:
Réveil aux aurores, avant même 6h du matin. Un chauffeur de mini-bus vient nous chercher à l'auberge. Le sandwich et le café avec lesquels il nous accueille nous font le plus grand bien.

Une fois tous les autres randonneurs à bord, notre véhicule s'engage sur le périphérique. Il est à peine 7h, le trafic est déjà très dense. Les bouchons permettent aux laveurs de pare-brises, qui attendent dans le froid avec leur seau sur la bande d'arrêt d'urgence, d'offrir leur service lorsque les voitures sont bloquées.

A mesure que la ville s'éloigne, les bas-côtés changent de décor. Des longs arbres, la forêt, des usines, des entrepôts. Sur une sorte de bande cyclable qui s'insère comme une quatrième voie sur la chaussée, des passants nombreux sont sur le chemin de l'école ou du travail, à pied ou à vélo. Rien ne les séparent des véhicules lancés à pleine vitesse. Pas même une glissière de sécurité ou un trottoir.

Au bout de deux heures de trajet, notre bus s'arrête dans le brouillard, comme au milieu de nulle part. Il nous reste encore une bonne heure avant d'atteindre la Grande Muraille, par de petites routes de montagne verglacées. En l'espace de quelques kilomètres, nous croisons une voiture encastrée dans un camion, une autre en travers de la route, ainsi qu'un 36 tonnes et sa cargaison à moitié suspendus au-dessus d'un précipice. Heureusement notre chauffeur est prudent et nous arrivons sains et saufs à Jinshanling.

Après nous avoir présenté le parcours, la guide nous laisse débuter seuls l'ascension qui mène à la Grande Muraille. La vue se découvre à mesure que nous prenons de l'altitude, de plus en plus impressionnante. C'est l'apothéose lorsque nous arrivons sur le fameux édifice.

La visibilité sur toute la vallée enneigée est simplement parfaite, le soleil s'y reflète majestueusement. Quelle chance nous avons de nous trouver à cet endroit, et de pouvoir contempler ce panorama incroyable dans des conditions si idéales! Le regard ne peut porter assez loin pour espérer entrevoir la tête et la queue de cet immense dragon de pierre qui coiffe les crêtes des montagnes.

Je pense que les photos valent mieux qu'une longue description pour se rendre compte de tous les sentiments qu'il est possible d'éprouver.

Après une descente par un petit sentier enneigé adjacent aux fortifications, et un repas chaud bien mérité, notre bus prend le chemin du retour. Des images irréelles plein la tête, le trajet passe beaucoup plus vite qu'à l'aller. En arrivant à Pékin, les bouchons sont trop importants cette fois, nous préférons descendre à la première station de métro venue.

La soirée est quant à elle beaucoup plus décevante. Le centre de la place Tian'anmen est toujours inaccessible. Tout semble pousser les touristes vers Wangfujing, l'un des quartiers les plus touristiques de Pékin. Dans la rue du même nom, des stands proposent de déguster serpents, scorpions ou encore étoiles de mer. Tout semble uniquement attraction et arnaque, les vendeurs essaient de nous garder la monnaie ou de nous rendre de faux billets.

A 22 heures, les magasins ferment tous progressivement. Dans le quartier pourtant réputé animé de Dongzhimen, l'ambiance est des plus mornes. 23 heures passées, le service des métros est terminé et nous n'avons plus d'autres choix que le taxi pour rentrer. Les chauffeurs le savent bien.

Profitant de notre incompréhension du mandarin, ils semblent s'être entendus pour faire payer un tarif minimum de 100 yuans à tous les étrangers, là où des locaux s'en tireraient pour 30 maximum. L'hospitalité chinoise semble avoir ses limites dès qu'il s'agit d'argent...




 

Troisième jour:
Aujourd'hui Tombeaux des Ming. Nous voulions aller à celui des Qing, censé être plus impressionnant, plus loin et donc moins fréquenté. Devant la difficulté d'accès, nous avons dû renoncer et se rabattre sur les Ming. Un bus part du centre-ville et s'y rend directement. Il s'agit juste de réussir à monter dedans.

Dès qu'il arrive sur le parking, tout le monde se rue dessus. Il y a suffisamment de place pour tous, ce qui n'empêche pas que dès qu'il ouvre ses portes, les gens se bousculent dans tous les sens. Pour monter à l'intérieur, les jeunes n'hésitent pas à doubler les personnes âgées ou les femmes avec leur enfant. Personne ne dit rien, ce comportement choquant pour nous semble normal et accepté ici.

La descente du véhicule est plus tranquille, personne ne s'arrête aux Tombeaux. Le calme du lieu rajoute à sa majesté. Une longue allée bordée de statues conduit au tombeau de Yongle, l'empereur qui a conçu le lieu.

Autrefois la zone était interdite à la population et la voie qui menait au sanctuaire complétement dégagée; aujourd'hui des habitations et des routes sont venues s'intercaler, il faut désormais prendre la voiture pour aller d'un mausolée à l'autre.

Celui de Yongle, appelé Changling, est réputé le plus important. Il est effectivement très riche. A l'intérieur du temple principal, l'empereur trône au milieu de la pièce sur son siège d'or. Des collections d'objets précieux sont bien mises en valeur, et une exposition retrace les principaux accomplissement de Yongle, de ses exploits maritimes à la construction de la Cité Interdite, en passant évidemment par les Tombeaux des Ming.

La visite complète bien celle de la Cité Interdite. Nous comprenons maintenant mieux que si elle semblait si vide, c'est en partie parce que les empereurs emportaient beaucoup de leurs richesses terrestres dans leur dernière demeure, et qu'elles se trouvent donc ici.

Nous passons presque toute la journée sur place, revenant à Pékin juste au moment des traditionnels bouchons de 17h. Il est déjà l'heure du dîner lorsque nous regagnons l'auberge. Nous n'avons pas encore testé le canard laqué, pourtant spécialité de Pékin. Il est temps d'y remédier. Cuisiné juste comme il faut et coupé en fines tranches qu'il faut enrouler d'une petite crêpe, il est effectivement délicieux.

Samedi soir oblige, nous décidons ensuite d'aller apprécier la vie nocturne pékinoise. Le quartier des bars et boîtes de nuit n'est pas très fréquenté. Les établissements, très bruyants, proposent presque tous des concerts de pop chinoise.

Après quelques péripéties et notamment un serveur qui nous réclame 120 yuans pour une coupelle de cacahuètes que nous n'avions même pas commandée, nous prenons le chemin du retour. Il est 1h du matin, les rues sont quasiment désertes. Je ne sais pas si c'est le froid, mais l'ambiance est loin d'être aussi folle que des amis me l'avaient décrite.

La bonne opération de la soirée restera le taxi, qui ne nous aura coûté que 30 yuans à quatre, pour une distance plus longue que la veille. En réalité il suffit simplement de donner sa destination, de monter et d'attendre que le chauffeur mette le compteur kilométrique en route. On ne nous y reprendra plus!




 

Quatrième jour:
Notre voyage a eu un intérêt plutôt culturel et historique pour l'instant. La visite du Musée national de Chine me permet maintenant d'avoir également un un point de vue intérieur sur la vie politique du pays, laquelle est tant commentée et décriée en Occident. L'exposition permanente « la réjuvénation du peuple », au nom évocateur, est à ce titre des plus pertinentes.

Elle présente une histoire très subjective du pays depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, analysée à travers le prisme communiste. La première section porte sur la période dite « coloniale impérialiste », des années 1840 à 1910. Elle vise à désigner les puissances étrangères, et leurs « complices du régime impérial corrompu », comme responsables de tous les malheurs du pays. L'avènement de la République est un événement qui va ensuite dans le sens de leur Histoire, mais la récupération bourgeoise fait échouer la révolution.

Les déboires passent, et en 1949 changement de décor complet, la République Populaire de Chine est proclamée le 1er octobre. D'une salle très sombre aux photos de famine, de tristesse et de misère, l'ambiance se métamorphose complétement, désormais lumineuse, rouge pétante, chantante et souriante!

Il n'est ensuite fait aucune mention ni du Grand Bond en Avant, ni de la Révolution Culturelle, ni de la mort de Mao. Sans transition les trois derniers dirigeants, ou plutôt leurs « accomplissements » respectifs, sont successivement présentés: l'ouverture au monde pour Deng, l'adaptation à un nouvel environnement mondial pour Jiang et le développement scientifique pour Hu.

L'intérêt historique de l'exposition est finalement assez limité, mais il est très intéressant de disposer de sources de première main pour juger de l'intensité de la propagande du régime communiste actuel.

Changement de paysage l'après-midi avec la visite du Palais d'Eté. Comme aux tombeaux des Ming, les collections sont là encore plus fournies et mieux mises en valeur qu'à la Cité Interdite. Le parc demeure le point central du site. Des multiples ponts enjambent le lac pour rallier de petites îles, donnant lieu à un superbe spectacle, notamment au coucher du soleil.

Le lieu est donc particulièrement propice à la promenade, sur les canaux ou sous la galerie semi-ouverte qui surplombe l'eau sur près d'un kilomètre. Le parc ne semblant pas fermer le soir, nous sommes restés à nous balader bien après la nuit tombée. Un petit hot pot assez folklorique mais peu nourrissant avant de rentrer, il faut se coucher tôt pour être en forme pour la dernière journée.




 

Cinquième jour:
Encore une fois réveil avant le jour, ce coup-ci pour aller assister au lever de drapeau sur la place Tian'anmen. Il faut bien le reconnaître, le spectacle est bien plus intéressant de l'autre côté de la barrière, dans le public.

Malgré l'heure matinale, les bruyants groupes de touristes massés à l'extrémité Nord de la place sont très nombreux. Dès qu'ils aperçoivent la trentaine de soldats franchir la grande porte de la Cité Interdite drapeau en main, ils bousculent dans tous les sens, brandissant leur appareil photo à bout de bras pour obtenir rien de plus qu'un très banal cliché.

Avant même la fin de la cérémonie, ils s'en désintéressent complétement et tournent le dos rapidement. Comme s'ils avaient accompli leur devoir patriotique de bons touristes. Ceux qui restent courent littéralement à mesure que la ligne de sécurité est levée, pour aller prendre des clichés similaires quelques mètres plus loin.

Notre journée politique à nous s'est ensuite poursuivie avec la visite du Palais du Peuple, qui accueillent les sessions de l'Assemblée Nationale Populaire, l'équivalent (toutes proportions gardées) d'une chambre des députés. Seule une petite partie de l'immense édifice est ouverte au public. L'ensemble paraît assez vide, comme si l'absence d'âme démocratique se traduisait dans l'espace.

Une fois sortis, nous longeons sur tout son flanc Ouest la Cité Interdite, avant de gravir les pentes escarpées de la colline du Jingshan (ou colline de Charbon) qui surplombe la ville. La vue sur les toits de Pékin est large et intéressante, l'ambiance dans le parc très reposante.

Avec des mouvements lents, tout en contrôle et retenue, des personnes âgées pratiquent le taiji. Un vieux monsieur nous propose de nous initier à cet art, muni d'une sorte de raquette au tamis de toile et d'une grosse balle en plastique dur. L'échange est très sympathique, sans arrière-pensées.

Malheureusement les attrape-touristes pékinois trop vite nous rattrapent. Trois pousse-pousses nous accostent dans la rue, nous proposant de nous emmener jusqu'à la prochaine station de métro, en criant « three three three ». Le prix est dérisoire, nous sommes fatigués de marcher, et puis c'est l'occasion de voir la ville sous un angle différent.

Ni une ni deux nous embarquons, bien vite amusés par les secousses et les sensations de ce transport pittoresque. Nous sillonnons quelques authentiques hutongs dans lesquelles nous ne nous serions pas aventurés de nous-mêmes, jusqu'à ce que les conducteurs nous intiment de descendre.

Satisfaits, nous nous apprêtons à payer, et même à laisser un joli pourboire. C'est ici que la supercherie se dévoile: ils ne nous demandent pas trois, mais trois-cents yuans par personne! Nous avons beau contester, l'étau s'est déjà refermé sur nous. Aucun moyen de prouver le prix initialement fixé si ce n'est une carte avec leurs propres prix, qu'ils nous sortent de leur poche comme par magie. La ruelle étroite est déserte et ils nous barrent le passage.

Nous finissons par leur donner 100 yuans chacun en nous éloignant bien vite, alors que le plus costaud des trois nous poursuit encore quelques dizaines de mètres. La situation aurait facilement pu mal tourner et nous ne nous en sommes finalement pas si mal sorti que ça, même si le sentiment de s'être fait avoir est assez rageant. Leur mécanique est bien huilée, et beaucoup de touristes ont déjà dû se faire escroquer de la sorte.

L'après-midi, le temple du Ciel conclut majestueusement notre séjour. Il y a certes beaucoup de touristes, mais le parc est grand et il est facile de leur échapper. Les temples et les jardins valent vraiment le détour. Le Mur aux Echos est très surprenant, puisqu'en se parlant chacun depuis les extrémités Est et Ouest avec la tête tournée vers le Nord, la circularité parfaite du mur d'enceinte permet de discuter aisément sans même élever la voix.

Il est ensuite temps de rentrer à l'auberge chercher les sacs, emprunter le train Express jusqu'à l'aéroport et reprendre l'avion pour Hong Kong. Ainsi s'achève, non sans une certaine nostalgie, un dense deuxième voyage. L'aperçu de la Chine fut bref, mais l'angle assez large pour donner envie de s'imprégner davantage de ce fascinant pays...




Avec plus de recul, trois remarques semblent venir s'ajouter à mes impressions sur Pékin.

Tout d'abord, les relations sociales semblent assez conflictuelles, bien plus qu'à Hong Kong. Les gens crachent par terre un peu partout, après s'être raclés la gorge très bruyamment. Il ne semble pas les déranger de se bousculer les uns les autres, et de ne pas céder leur place aux personnes âgées ou aux enfants dans les transports publics. Nous avons également assisté à plusieurs scènes de vives disputes émaillées de copieuses insultes, dans la rue ou même au restaurant.

Le deuxième élément surprenant réside dans la façon qu'ont les chinois de traiter leurs monuments et leurs sites anciens. Le label AAAA délivré par le gouvernement signifie « Attraction Touristique Nationale », là où dans les pays européens l'accent est davantage mis, au moins en ce qui concerne l'appellation, sur l'aspect héritage et patrimoine à protéger que sur l'intérêt touristique direct. Je pense que la dénomination n'est pas anodine, les chinois semblant voir en priorité l'activité touristique et les promesses de profits que représentent un site historique majeur. Par exemple, presque tous les temples possèdent leur boutique de souvenirs dans leur intérieur même. En revanche pour expliquer le mauvais état des bâtiments ou la pauvreté des collections, un ami chinois mentionnait surtout les aléas de l'histoire chinoise, des gigantesques incendies aux invasions et pillages par les puissances étrangères.

Enfin, la façon dont les pékinois perçoivent les touristes est assez particulière, dérangeante à de nombreux égards. Si vous n'êtes pas assez fermes dès le début avec les vendeurs ambulants, ils peuvent vous suivre pendant une visite entière ou toute une balade, même sur la Grande Muraille. Il existe énormément d'attrape-touristes, et il épuisant de devoir rester vigilant pour ne pas se faire avoir. Dès que vous relâchez un instant votre méfiance, le piège se referme, comme à Wangfujing, lors de l'épisode du taxi ou des pousse-pousses dans notre cas.

Il serait cependant abusif de généraliser sur Pékin, notre vision est faussée par le fait que nous n'avons justement visité que les lieux les plus touristiques. Nous restions principalement cloisonnés dans les quartiers centraux des deux premiers anneaux de l'agglomération, qui en compte cinq au total. Propres, sécurisés et spacieux, ils reflètent certainement l'image que les autorités chinoises veulent donner de leur pays au reste du monde, mais ne montrent qu'une infime partie de la vie de la capitale. Pour découvrir le vrai quotidien pékinois, il faudra revenir...

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