La ville de tous les contrastes

 

Ce qui frappe d'emblée à Hong Kong, ce sont ses énormes contrastes. La première fois que je suis sorti du métro à Mong Kok, j'ai cru que je m'étais trompé et que j'étais descendu dans une mégapole du tiers-monde. Les façades des immeubles sont complétement délabrées. Elles apparaissent noircies par une pollution qui stagne à cause de la chaleur et de l'humidité. L'air est irrespirable. Tous les véhicules semblent avoir leur place sur la route, la circulation est anarchique et le trafic presque ininterrompu. Sur le trottoir, la foule grouille dans tous les sens, le mouvement est incessant, les gens se bousculent, crient, chantent; l'atmosphère est oppressante.

Tous les guides touristiques et les manuels de géographie ont beau la décrire comme telle, à première vue la ville ne ressemble pas du tout à l'une des plus riches d'Asie. Dans les rues d'une des places financières les plus actives au monde, des centaines de personnes vivent de petits boulots misérables. Les incroyables buildings de Central peuvent figurer parmi les plus modernes de la planète, il n'est pas rare de les voir ceinturés d'immenses échafaudages de bambou. Et même si le niveau d'hygiène de Hong Kong est présenté comme le plus élevé de Chine, dans les quartiers populaires rats et cafards de plusieurs centimètres sont toujours légions.

Au sud de Hong Kong Island, dans la station balnéaire de Stanley, c'est la violence de l'opposition entre touristes et locaux qui est saisissante. Une horde de kayakistes en balade frôle la frêle embarcation d'un vieux pêcheur à la canne fatiguée. Derrière les étales dégueulant de souvenirs, l'œil observateur entrevoit les cuisines insalubres de baraquements de fortune. C'est sous ces toits de tôle ou dans les immeubles vétustes du centre-ville que s'entassent probablement par familles entières les petits commerçants du marché. A deux pas de spas de luxe, et d'agences de consulting flambant neuves. Parfois dans le même bâtiment.

Pour essayer de comprendre Hong Kong, il faut alors avoir à l'esprit que l'écart de richesse est ici abyssal. « Le coefficient de Gini de Hong Kong est l'un des plus forts du monde », m'explique une jeune étudiante japonaise. Les plus riches sont très riches et les plus pauvres sont très pauvres. M.Li Ka-shing, magnat de l'immobilier hongkonguais, est le neuvième homme le plus fortuné de la planète. Son patrimoine personnel s'élève à plus de 25 milliards de dollars. Mais à l'autre bout de l'échelle, combien gagne celui qui est payé pour distribuer des tracts ou tenir un panneau publicitaire dans la rue? Celle qui lit dans les lignes de la main? Ceux qui préparent les journaux au petit matin, à l'heure où d'autres rentrent de soirées bien arrosées? Des salaires si maigres qu'ils donneraient sûrement des vertiges à ceux qui vivent confortablement au sommet des gratte-ciels...

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